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Compte-rendu du NABSHOW 2011

Avril 2011 - Alain Puissochet

Sommaire

  1. Le NABShow
  2. La situation américaine
  3. La télévision connectée
    1. Un mot à sens multiples
    2. L’importance des contenus
    3. Over the Top
    4. TV everywhere
    5. Un marché d’équipement en croissance forte
    6. Des offres techniques multiples
  4. La télévision dans les nuages
    1. UltraViolet
    2. Des nombreux usages du nuage
  5. La télévision vers les mobiles
    1. Un sujet (toujours) mis en avant
    2. Malgré les déceptions passées
    3. Le modèle économique à trouver
  6. Les développements du 3D stéréoscopique
    1. Vers un 3D sans bouleversements ?
    2. Une pléthore d’équipements

1. Le NABShow

Le NABShow 2011 s’est tenu à Las Vegas du 9 au 14 avril, et est probablement le plus grand salon mondial concernant les équipements professionnels pour l’audiovisuel.

Le NABShow est organisé par la « National Association of Broadcasters » ou NAB, qui regroupe la grande majorité des chaînes de radio et de télévision américaines, les « stations », chaînes terrestres locales, qui ont une importance majeure dans le paysage audiovisuel américain, même si la majorité des américains regardent la télévision à travers le câble et le satellite. Le NAB a été rejoint cette année après une longue séparation par deux networks majeurs, CBS et Fox.

Le NABShow a regroupé environ 1500 exposants, une dizaine de cycles de conférences en parallèle, et 92 000 participants (en légère hausse par rapport à 2010). Le NABShow a toujours fait l’effort de présenter les nouvelles technologies qui peuvent intéresser ou menacer les chaines de télévision, par des conférences dédiées et par des lieux d’exposition spécialisés. Le NABSHOW a pour slogan « where the content comes to life ».

Cette année, sont notamment apparues les conférences « Connected TV », « Content in the cloud », « advances in image and sound : 3D, 4K and beyond », « Content conference : creating Entertainment for the big and Small screen ».

Le NABShow permet ainsi à la fois d’avoir une vision de la situation américaine, mais aussi du développement des nouvelles technologies, tant du point de vue technique que du point de vue de leur adoption par le marché.

2. La situation américaine

La plupart des participants ont évoqué une situation économique qui s’est améliorée, tant pour les chaînes de télévision que pour les vendeurs d’équipements, avec une reprise de la croissance. Le choc redouté de l’arrêt de l’analogique n’a pas eu lieu.

Les débats récurrents sur la transmission des programmes des chaines terrestres locales sur les réseaux du câble et du satellite (avec notamment le « must carry ») ont vu un succès des chaînes terrestres qui ont obtenu la non intervention de la FCC en cas de conflit financier entre câblo-opérateur et propriétaire du contenu (ce qui était demandé par les câblo-opérateurs).

Le souci majeur proclamé du NAB est désormais lié à la volonté du gouvernement américain de libérer des fréquences radio, actuellement attribuées aux chaînes, pour les revendre par enchère, et ceci dans le but de faciliter l’accès au haut débit dans l’ensemble des USA, à travers les opérateurs mobiles. Rappelons que le National Broadband Plan (NBP) publié en mars 2010 prévoyait une « mobile future auction », permettant aux chaînes de renoncer volontairement à des fréquences en échange d’une partie des revenus de la vente. Il mettait en avant l’inefficacité de l’usage des fréquences par les chaînes. En février 2011, le président Obama a annoncé la « National Wireless Initiative », dont le but est de créer un réseau national haut débit permettant l’accès à 98% de la population. La vente aux enchères des fréquences éventuellement libérées par les chaines de télévision pourrait rapporter 10 milliards de dollars. De plus est prévu un « super WiFI », nom inventé par la FCC (Federal Communications Commission), qui utiliserait des fréquences plus basses que celles du WiFi, constitués par les bandes de fréquences inutilisées entre chaînes de télévision (white spaces). De telles fréquences augmentent, par rapport au WiFI, la portée du signal et facilite la traversée des obstacles (murs en particulier). Ces fréquences seront gratuites comme celles du WiFi.

La pression pour libérer des fréquences se heurte à une hostilité forte des chaînes, qui souhaitent garder leurs fréquences, et mettent en doute le caractère volontaire du renoncement, notamment parce que à la suite de ces ventes, il est prévu une restructuration des fréquences. Le NAB demande notamment une analyse de la disponibilité et de l’utilisation des fréquences, évoquant notamment des actions spéculatives. Un autre argument utilisé est de dire que le problème ne se pose que dans les grands centres urbains où des solutions technologiques peuvent être trouvées.

Le président de la FCC, Julius Genachowski, est venu défendre le projet évoquant un nouveau monde multi plateforme, avec 4 écrans diffusant tous des vidéos, le caractère essentiel du développement du haut débit pour l’économie américaine, et la pénurie de fréquences qui menace. Le président du NAB, Gordon Smith, a répondu que 25% des fréquences des chaines ont été rendues et que le projet impliquerait encore 40% supplémentaire, ce qui est inacceptable. Gordon Smith est un républicain, ancien sénateur de l’Orégon, qui a annoncé lors de son discours (ce n’est pas dans le texte officiel) « aux Etats-Unis, le gouvernement ne doit pas de mêler de trois choses : les armes, les religions et les programmes de télévision » !

3. La télévision connectée

3.1. Un mot à sens multiples

L’utilisation du mot de télévision connectée a été contestée lors des débats, notamment à cause de son ressenti par les téléspectateurs. Ils sont considérés comme majoritairement pas intéressé par la télévision connectée (et encore moins la télévision en réseau), mais par ce à quoi elle donne accès : réseaux sociaux, nouveaux contenus, contenus locaux. Le représentant d’Intel et d’autres, dont Philips, préfèrent parler de Smart TV.

Over the Top (OTT), Cloud connected, télévision hybride, TV anywhere, sont aussi utilisés pour évoquer la télévision connectée. Cependant OTT et la télévision hybride visent plus directement l’accès Internet sur le téléviseur (en liaison ou non avec les programmes diffusés, selon qu’on est en Europe ou aux Etats-Unis) et le « cloud connected » n’est qu’une partie des services que le fameux nuage peut rendre à l’industrie des médias, les deux autres étant le stockage et le traitement (notamment encodage et transcodage). Au NABShow une session d’une journée était réservée spécialement à tous les aspects du nuage. Enfin TVanywhere concerne davantage la capacité de fournir un même programme de télévision vers des écrans différents par la taille, le format et les capacités.

Le terme « télévision connectée » ne vise pas seulement les téléviseurs, mais tous les équipements capables d’afficher la vidéo et de la recevoir sans utiliser un support physique comme les DVD. In-Stat Research parle de « web connected television devices », et produit des chiffres de marché concernant les équipements grand public permettant des applications de télévision.

Plusieurs distinctions sont aussi présentes, notamment compte tenu de la puissance informatique (mémoire et processeur) présente dans l’équipement (Google TV par exemple est présenté comme plus gourmand en puissance de calcul que des services OTT), mais du type de service : WebTV, services de streaming vidéo indépendants des programmes ou contenus associés aux programmes

3.2. L'importance des contenus

Un enjeu majeur reste l’accès de contenus en ligne sur le téléviseur, sachant que ce contenu est très largement (pour sa part monétisable) celui produit pour la télévision et le cinéma. La réflexion est toujours en cours sur ce qui pourrait être « un modèle économique bon pour tout le monde ». Offrir un accès n’importe où, n’importe quand sur n’importe quel équipement est devenu techniquement possible à des coûts envisageables. Il reste à utiliser ce mouvement pour accroître les revenus, notamment des propriétaires de contenus, qui détiennent probablement la clé du développement.

L’exemple de « ce qui est arrivé à la musique » est dans tous les esprits. Google a provoqué avec GoogleTV un rejet total des chaines de télévision, et depuis son annonce il y a un an n’a plus communiqué sur le sujet, même si des informations parues dans le « Wall Street Journal » annoncent une initiative à partir de YouTube avec la mise en place d’une vingtaine de chaînes « premium ».

Un récent article dans la presse américaine, publié pendant le NABShow, montre bien les problèmes associés à la diffusion en ligne. La société Hulu, propriété des sociétés Walt Disney, News Corp et NBCUniversal, qui offre notamment un accès gratuit aux épisodes des séries de télévision de Fox, ABC et NBC, avait pour vocation (au moins pour ses propriétaires) de contrôler la diffusion en ligne des contenus des chaînes. La société Hulu est devenue un des sites vidéo les plus fréquentés sur Internet, avec des revenus publicitaires qui pourraient atteindre 500 millions de dollars en 2011. En mars, selon Comscore, les visiteurs Internet ont passé 5,9 milliards de minutes sur le site (27 millions d’utilisateurs), soit deux fois plus que sur les trois sites des networks propriétaires. Le Los Angeles Times fait état de discussions difficiles : les trois networks propriétaires souhaiteraient voir augmenter l’espace publicitaire, mais aussi retarder la date de mise à disponibilité des épisodes (ils sont actuellement disponibles dès le lendemain de la diffusion, et les 3 sociétés reçoivent 70% des revenus publicitaires). Le danger pour eux est bien entendu de perdre les 30 milliards de dollars de redevances payées par les opérateurs du câble, du satellite et des télécoms si les « cord cutters » (téléspectateurs qui arrêtent leur abonnement de télévision payante) se multipliaient.

Par contre l’intérêt suscité dans le public par une offre en ligne est reconnu par tous, avec les grands classiques que sont désormais la télévision de rattrapage et la VOD. Des offres de streaming comme celles de Netflix ou de Vudu sont désormais bien connues des téléspectateurs américains.

3.3. Over the Top

Une offre technique combinant émissions de télévision et contenus associés sur Internet n’a été guère présentée au NABShow : les câblo-opérateurs américains gèrent la télévision interactive et les accès Internet, mais ne paraissent pas intéressés par une liaison forte entre les deux. Une des rares suggestions entendues au NAB pour les stations locales est de fournir des informations locales.

Les standards en cours de développement intégrables dans un téléviseur ou dans un décodeur sont européens avec YouView (ex Canvas, codéveloppé au Royaume-Uni par la BBC, ITV, BT, Channel 4, TalkTalk, Arqiva et Channel 5) et HbbTV, mais aussi les plus anciens MHP et MHEG-5. Dans ses recommandations publiées le 18 avril pour la télévision connectée et hybride, l’EBU (European Broadcast Union) cite les 4 standards précédents. Début mars 2011, le DVB avait approuvé une nouvelle version de GEM (Globally Executable MHP) prenant en compte la télévision hybride et OTT, ajoutant notamment le streaming adaptatif et la synchronisation des médias.

Aux Etats-Unis le contenu est transmis via des équipements dédiés, comme AppleTV, Boxee ou Roku. Roku offre notamment Netflix, mais aussi les films à la demande d’Amazon, Hulu+ et des contenus sportifs, mais sans relation avec le programme éventuellement visionné. Au NABShow, la société Strategy & Technology présentait une solution OTT pour MHEG.

3.4. TV everywhere

Aux Etats-Unis, elle est utilisée comme un moyen pour garder des abonnés, en leur offrant un service supplémentaire. De fait TV Everywhere est un concept utilisé par Time Warner et Comcast en juin 2009, quand les sociétés ont annoncé des tests de distribution de contenu télévisuels en ligne. « TV everywhere » a été depuis renommé Xfinity par Comcast, comme part d’une offre « triple play » qui comprend une offre VOD sur Internet très importante, tant pour les films que les émissions de télévision ainsi qu’une offre de télévision en direct.

3.5. Un marché d'équipement en croissance forte

Il ne s’agit essentiellement pas de nouveaux équipements, mais bien de la présence de plus en plus importante de fonctionnalités de connexion dans tous les équipements audiovisuels.

Les analystes sont unanimes à prévoir une forte croissance des équipements connectés. Ils s’appuient notamment sur les annonces des producteurs d’EGP, annonçant pour la plupart que dans un délai très bref la majorité de leurs produits sont ou seront connectables, ainsi que sur les demandes des utilisateurs. Un facteur régulateur de la croissance sera le comportement des producteurs et propriétaires de contenus, confrontés aux risques de piratage mais aussi à une éventuelle croissance des revenus associés à leurs contenus au travers de diffusions multiples.

Le piratage des contenus est largement évoqué, mais une offre large de produit de contrôle d’accès existe, même si leur non interopérabilité pose problème. Notons qu’au NABShow, la tendance portant à l’acceptation de systèmes de DRM purement logiciels paraît se confirmer, notamment pour les mobiles. Par contre le risque représenté par la présence devenue possible de virus informatiques sur les téléviseurs est très peu mentionné.

Ce qui suit est un résumé des données publiées par différents analystes.

La société ABI Research a annoncé que 3 milliards d’équipements connectés existeraient en 2016, avec comme principaux équipements les téléviseurs et les lecteurs de DVD Blu-Ray, ainsi que les consoles de jeu.

Une étude publiée récemment par la société Informa Telecom&Medias (Congestion Up Ahead? Internet traffic and service forecasts, 2010-2015) prévoit que 380 millions de personnes regarderont la vidéo en ligne avec un équipement connecté de type téléviseur, boitier dédié, décodeur ou console de jeu en 2015, ce qui dépasserait de loin le nombre de personnes utilisant l’IPTV. Cependant l’analyse considère ces services comme potentiellement complémentaires plutôt que concurrents.

La société In-Stat Research annonçait pour les USA une forte croissance des ventes des équipements « web enabled » passant de 14,6 millions en 2010 à 83,4 millions en 2014. En 2014, Plus de 59 millions de foyers américains auraient accès à des applications télévisées.

De son côté la société DisplaySearch, spécialistes des écrans plats, annonçait une vente de 123 millions de télévisions connectées en 2014 (pour un marché mondial estimé - selon d’autres sources - à 200 à 250 millions d’unités).

3.6. Des offres techniques multiples

Le NABShow a présenté une offre (pas toujours totalement opérationnelle) multiple et diversifiée, prenant en général en compte une grande partie de la chaine saisie-production-distribution. Pour offrir une telle offre, on a constaté des concentrations importantes, mais aussi des coopérations fortes.

Sur la majorité des stands étaient présents les 4 écrans (PC, TV, tablette, téléphone, même si le téléphone n’est plus guère considéré comme une source potentielle de revenus. L’ingestion des données est la plupart du temps prévu à partir du direct ou d’un fichier.

Citons, sans entrer dans le détail des offres :

Ericsson avec son offre « end to endless television», qui va de l’acquisition du contenu à son traitement, sa distribution et sa diffusion multiplate-forme, en permettant des transferts de diffusion d’un terminal à l’autre. Le PDG d’Ericsson Hans Vestberg, a prédit en avril 2011 qu’en 2020 il y aurait 50 milliards d’équipements connectés.

Harmonic avec son offre « any to any broadcast », qui couvre le même domaine grâce aux nombreuses acquisitions d’autres sociétés comme Rhozet et Scopus, avec en particulier une offre « Multiscreen Preparation ».

Verizon a annoncé une plate-forme de gestion et de distribution pour l’industrie du loisir sous le nom Verizon Digital Media services, qui offre un workflow automatisé pour formater, gérer et distribuer des contenus numériques à n’importe quelle plate forme à grande échelle. Son offre utilise un partenariat stratégique avec Technicolor, mais aussi des partenariats avec Motorola, Alcatel-Lucent et HP.

 

Envivio présente une offre 4Caster visant les 3 écrans et permettant IPTV, Internet TV avec des formats HD et 3D.

 

Harris, traditionnellement un producteur d’émetteurs de télévisions offre Selenio, une plate forme de convergence.

 

SeaChange international, qui s’annonce comme le leader mondial des solutions de stockage et des serveurs a mis en avant ses systèmes pour le multiécran, allant de la saisie (ingest), au stockage et à la monétisation.

 

Les CDN (Content Delivery Network) qui existent depuis longtemps constituent historiquement un des premiers nuages. On les retrouve naturellement associés à d’autres acteurs pour adresser le marché de la télévision connectée.

 

Intel, compte tenu de l’importance de son offre « nuage » et de l’intérêt que la société porte depuis longtemps à l’audiovisuel (notamment à travers ses chipsets, mais c’est loin d’être sa seule action dans le domaine), était très présent.

 

Microsoft offre en coopération avec la société de télécom Level3 une offre de service vidéo « nuage »combinant l’offre Microsoft Windows Azure, une plate forme permettant de construire, héberger des applications Internet avec une capacité de mise à l’échelle à la demande. La société Level3 offre ses services de transports et de streaming et ses serveurs vers les terminaux utilisateurs. Notons que Level3 offre les principaux formats utilisés pour le streaming, incluant les solutions de Microsoft, Adobe, Apple et d’autres. Microsoft travaille également avec d’autres CDN comme Akamai pour Fox Sports.

4. La télévision dans les nuages

4.1. UltraViolet

Une présentation majeure a été celle faite par du projet industriel, UltraViolet, qui avait été annoncé au CES de janvier 2011. Le projet qui regroupe plus de 60 acteurs couvrant toute la chaîne de la production et de la distribution, et est issu du groupement industriel DECE (Digital Entertainment Content Ecosystem LLC), un consortium dont le but annoncé est de créer un marché de la distribution de contenu « consumer friendly ». UltraViolet regroupe des networks, des industriels de l’EGP, des sociétés technologiques et des distributeurs, et notamment Adobe, Microsoft, Akamai, Cisco, Alcatel-Lucent, Nokia, Intel, IBM, Huawei, Motorola, Samsung, Sony, Philips, Panasonic, Warner Bros, NBC, Blockbuster, Netflix, Vudu, le RIAA (Recording Industry Association of America), NDS et bien d’autres.

Le projet consiste à permettre aux utilisateurs d’acheter un contenu média, film ou programme de télévision, sur support physique (DVD ou Blu Ray) ou en ligne, d’avoir son achat enregistré de façon persistante, et donc de pouvoir ultérieurement le télécharger sur un autre équipement autorisé, en cas de perte du fichier, de dommage physique au DVD ou pour toute autre raison. Le contenu reste disponible dans le nuage. qui permet une interopérabilité entre les différents équipements et formats utilisés pour la lecture, avec prise en compte du DRM approprié. Les équipements visés comprennent tous les terminaux permettant la visualisation de la vidéo, PC, tablettes, décodeurs, consoles de jeux et tous autres terminaux. Les équipements, pour être autorisés, doivent être enregistrés, et installer un logiciel spécifique. Il est prévu d’autoriser les copies vers des équipements autorisés au foyer, mais aussi à l’extérieur, si le propriétaire du contenu veut le montrer (il s’agira alors probablement de streaming). Le fournisseur du service « nuage » pourra être changé après l’achat. Cela implique que chaque acheteur dispose d’un « casier numérique » où seront stockés tous ses achats. Chaque foyer pourra enregistrer 6 personnes et 12 équipements.

Les contenus « ultraviolet » seront disponibles par tous les circuits de distribution physique et connecté. Les produits physiques achetés porteront une étiquette « UV ».

Les premières ventes pourraient intervenir mi 2011 aux Etats-Unis, et plus tard cette année au Royaume-Uni et au Canada. Des compagnies comme Netflix et BestBuy pourraient vendre des DVD ou des téléchargements avec le label UltraViolet. En 2012, Samsung pourrait fournir un chipset pour les téléviseurs et lecteurs de DVD.

DECE fournit la licence de UltraViolet. En plus des 70 membres du projet, plus de 300 sociétés seraient en discussion pour évaluer le système, le modèle économique et la licence.

L’avenir d’un tel projet va dépendre d’abord des efforts industriels déployés, mais surtout de l’accueil du public, qui devra accepter l’usage de DRM, la limitation de ses possibilités de copie en échange de la possibilité de disposer d’une propriété indéfinie d’une vidéo et de pouvoir la recevoir sur de très nombreux terminaux avec conversion de format automatique.

Rappelons que Microsoft avait lancé en 2004 PlaysforSure, qui s’est transformé en 2007 en « certified for Vista ». Le système offrait DRM, Codec et autres fonctionnalités, mais n’a pas été connu le succès. UltraViolet peut néanmoins bénéficier de la présence d’acteurs lourds sur toute la chaîne.

4.2. Des nombreux usages du nuage

La session « content in the cloud » a mis en évidence les multiples applications envisageables. Elles vont de la saisie au stockage, au transcodage, à la distribution, voire à la diffusion. Si techniquement l’usage des SOA (Services Oriented Architecture) était présent sur de nombreux stands, l’utilisation du nuage était présenté par beaucoup comme la « next big thing ».

De nombreux stands mettaient en avant le mot « cloud », pour des offres récentes le plus souvent, mais aussi plus anciennes et « rebaptisées ».

De nombreux stands présentaient des offres de distribution de contenu comme par exemple la société Signiant, mais aussi la plupart des CDNs, présents dans les différents stands.

Cisco proposait le « Videoscape Cloud », qui définit une architecture pour l’utilisation du nuage, une plate forme ouverte comprenant le réseau de transmission, le traitement dans le nuage et les équipements domestiques (décodeur, Gateway et logiciel). Le système fonctionne aujourd’hui comme un prototype, devrait être opérationnel dans un an, et permet de viser les 4 écrans, avec un système de protection des droits.

Avid a présente Interplay Central, un portail de production pour PC, portables et mobiles, visant d’abord les informations, mais qui pourrait s’appliquer aux sports ou à la TV réalité.

Fordeia Corp. A annoncé une solution pour gérer les contenus 3D stéréoscopique, qui utilise Microsoft Azure et Amazon EC2.

La société Kulabyte, qui sponsorisait la session, a annoncé la « première offre de transcodage dans le nuage capable de transformer un flux vidéo original en n’importe quel format et débit pour s’adapter à la diversité des terminaux, et offrant une plate forme de transcodage à la demande et en temps réel. Une telle évolution a été soutenue par Vivendi qui a présenté son offre Zaoza, qui offre films, jeux et contenus sur n’importe quel terminal, le tout reposant sur une plate-forme propriétaire développée à partir de logiciels open source permettant facilement d’ajouter des contenus et des terminaux, et de prendre en compte les droits de propriété intellectuelle. Cependant la société estimé qu’il faudra une longue durée pour distribuer dans le nuage des contenus de valeur importante. De plus un tel développement est limité par l’incompatibilité entre les DRM ne permettant pas de visualiser le contenu acheté sur des équipements différents.

5. La télévision vers les mobiles

5.1. Un sujet (toujours) mis en avant

De nombreuses sessions et des stands dédiés (le Mobile DTV Pavilion) ont présenté les développements en cours aux Etats-Unis, soulignant des développements importants. Ceux ci concernent la télévision sur mobile telle qu’elle a été standardisée par l’ATSC (Advanced Television Systems Committe). Elle est soutenue par le NAB et la « Open Mobile Video Coalition » (OMVC) qui regroupe un grand nombre de stations. Cette belle unanimité est un peu troublée par l’existence de deux consortia de chaines la Mobile500 Alliance et la Mobile Content Venture. La Mobile Content Venture regroupe de très grands groupes, et notamment Fox, NBC, Pearl Mobile (groupe de sociétés qui incluent Gannett, Scripps, Hearst, Media General et Cox) et Ion, et visent à développer un service national combinant direct, nouvelles locales et nationales, sports et émissions de divertissement. La Mobile500 Alliance regroupe 40 sociétés qui possèdent et gèrent plus de 400 stations commerciales couvrant plus de 92% de la population américaine.

Des prototypes de récepteur mobile étaient présentés, notamment par LG, RCA, Samsung. A noter un prototype de netbook par Dell, un lecteur de DVD portable, des dongle USB par DTV Interactive, Pixtree et Hauppauge, et enfin des récepteurs qui se connectent sur des iPhone ou iPad (Tivizen du Coréen Valups, qui offre également une version pour la TNT Européenne). Un prototype présentait un écran mobile offrant une vision stéréoscopique (mais extrêmement peu convaincante !).

Tous les équipements nécessaires sont donc disponibles ou pourront l’être très rapidement.

Selon l’OMVC, 76 stations diffusaient lors du NAB sur 32 marchés, et dans les 12 prochains mois, les deux tiers des foyers américains devaient être couverts. Il semble que les contenus soient essentiellement des simulcast des émissions en cours de diffusion, ou un combiné des émissions de plusieurs chaines locales proches.

5.2. Malgré les déceptions passées

Partout dans le monde la télévision sur mobile a rencontré des difficultés économiques majeures. C’est bien sûr le cas aux Etats-Unis où la société Qualcomm a stoppé les activités de télévision sur mobile FloTV. Au NABShow, la société SNL Kagan a présenté des revenus pour la vidéo mobile en 2010 en croissance très faible, avec de nombreuses sociétés annonçant des baisses de revenus, liées notamment à l’arrêt de FloTV et à la sortie de l’offre Vcast Video de l’abonnement Verizon. Le marché des applications vidéo n’a pas non plus connu le développement prévu. De plus la publicité ne représente toujours qu’un faible pourcentage des revenus totaux (moins de 10%).

Cependant le rapport de la société souligne les aspects positifs pour le futur : la multiplication des Smartphones et des tablettes, les offres des câblo-opérateurs avec une offre triple ou quadruple play, incluant la VOD mobile.

5.3. Le modèle économique à trouver

Les débats lors du NABShow ont montré que le modèle économique était encore à trouver. Un représentant de FoxNews a annoncé une joint venture Fox-NBC, couvrant 20 marchés, avec une offre reposant sur deux canaux, et un contrôle d’accès fourni par la société Nagra-Kudelski. Il a insisté, comme la plupart des intervenants qu’on était à une étape très préliminaire (very early stage), mais avec des perspectives pleines de promesses. Une collaboration avec MobiTV, société qui fournit des contenus vidéos aux opérateurs télécom, a été signée ;

L’échec commercial de FloTV a été attribué à son prix (30USD par mois), à son terminal (uniquement fourni par Qualcomm) et à un marché pas encore prêt.

Diverses approches ont été évoquées, et notamment, les choix possibles entre une même télévision partout (la TV everywhere) opposée à des marchés ciblés (adolescents par exemple), les équipements à viser (tablette, téléphone, netbook, avec ou sans stockage…) et les contenus (VOD ou programmes). L’avis général paraissait être que le modèle économique est à élaborer, mais qu’avec la télévision mobile, les acteurs de la télévision ont un avantage technique fort sur ceux du téléphone, malgré la menace représentée par l’accès à Internet en haut débit.

Un premier essai visant les téléspectateurs a eu lieu à Washington avec 400 utilisateurs équipés d’un mobile Samsung ou d’un net book Dell.

6. Les développements du 3D stéréoscopique

6.1. Vers un 3D sans bouleversements ?

Le 3D a été mis à l’honneur au NABShow 2011. La première session a été ouverte par James Cameron et Vince Pace, qui ont annoncé la création d’une société dédiée à la production 3D, appelée Cameron Pace Group. Cette société vise d’abord les outils pour le cinéma, mais considère qu’ils fonctionneront très bien pour la télévision. Les deux fondateurs ont tenu un discours en rupture du discours dominant sur le 3D, caractérisé par « on doit changer en profondeur la façon de tourner, du positionnement des caméras aux techniques de tournage et de montage ». Les deux fondateurs annoncent qu’on peut faire de la 3D comme on fait de la 2D, et même qu’on doit le faire pour ne pas perdre une expertise immense. « What you are currently doing will translate perfectly in 3D ». Le Cameron Pace Group a pour objectif de proposer les outils et les méthodes pour le faire, avec par exemple la façon d’utiliser les caméras 3D au même emplacement que les caméras actuelles, en « piggyback », en partageant les mêmes robots. Leur vision est que le passage au 3D s’effectuera comme le passage à la couleur, et qu’on tournera en 3D pour éventuellement en extraire une image 2D. Ils prédisent que dans 4 à 5 ans la télévision 3D ne nécessitera pas de lunettes et ne posera plus de problèmes notamment d’angle de vision.

6.2. Une pléthore d'équipements

Les équipements 3D étaient largement présents sur de nombreux stands et les démonstrations étaient nombreuses, avec en particulier une chaine complète de production 3D en direct, avec des joueurs de basket filmés par plusieurs caméras 3D, et le traitement complet des images jusqu’à la sortie en direct du reportage sur des écrans HD. Des séances de formation étaient proposées sponsorisées par Sony et 3Ality Digital ainsi que de nombreux previews de films à venir.

L’offre était complète, couvrant équipements, services et formation. Elle comprenait les caméras, les outils de conversion, les équipements de test, le contrôle de qualité 3D, la prise en compte automatique des enchainements, et de nombreux outils de post production matériel et logiciel.

En plus des acteurs majeurs, Sony, Panasonic, des sociétés dédiées se multiplient, couvrant l’ensemble de la chaine de traitement. On a pu remarquer en particulier 3Ality Digital, dédiée aux équipements de tournage et de production 3D. figuraient parmi les offres présentées.

Un problème subsiste, celui de la standardisation des lunettes, toujours nécessaires. Une tentative de définir un standard, mené notamment par Panasonic, appelé M-3DI, a réuni quelques sociétés, mais pas Sony, Samsung et LG, ce qui laisse à penser que l’appel lancé par le Consumer Electronics Association pour l’adoption d’un standard restera vain.